Présentez-vous ainsi que votre parcours :
Bonjour, je suis Fabrice Deron, dirigeant de la société SMITH – Société de Maintenance Industrielle et Travaux en Hauteur, basée entre Saint-Jean-d’Angély et Matha, au cœur du territoire des Vals de Saintonge, en Charente-Maritime.
Mon parcours entrepreneurial ne commence pas dans le bâtiment. J’ai d’abord créé, avec mon épouse, un cabinet d’administration de biens immobiliers dans le Val-de-Loire, à Blois. Une entreprise que nous avons développée puis cédée en 2016.
Cette première aventure m’a permis de découvrir le goût d’entreprendre, mais aussi de comprendre que la création et la reprise d’entreprise sont deux expériences très différentes.
Je me suis installé comme entrepreneur relativement tard, après 40 ans, longtemps convaincu — à tort — que je n’en étais pas capable. Avec le recul, cette maturité a été une vraie force.
Comment avez-vous eu l’idée de votre entreprise ?
L’idée de SMITH est née non pas d’une création, mais d’une reprise d’entreprise.
Après la cession de notre première société, nous souhaitions nous lancer dans un nouveau projet entrepreneurial, mais avec des critères clairs : du B2B, une entreprise déjà structurée, hors région parisienne, et surtout un vrai projet humain et économique.
Contrairement aux idées reçues, il n’est pas facile de trouver une entreprise saine à reprendre. Le marché est très discret, presque invisible. Il faut réseauter, rencontrer, écouter, se déplacer, parfois beaucoup. C’est dans ce contexte que nous avons découvert une entreprise spécialisée dans la maintenance de bâtiments agricoles et industriels, qui correspondait parfaitement à nos attentes.
Racontez les étapes de votre reprise d’entreprise :
La reprise s’est concrétisée en 2016. L’entreprise s’appelait alors Speedrun, créée en 2007, et comptait environ treize salariés.
Elle intervenait principalement sur l’entretien et la maintenance de bâtiments agricoles, avec un modèle fondé sur la complémentarité des métiers et l’augmentation du panier moyen chez les clients existants.
Le financement a reposé sur plusieurs piliers :
- Nos fonds propres, réinvestis presque intégralement,
- Un prêt d’honneur de 40 000 € accordé par Initiative Charente-Maritime,
- Des financements bancaires.
L’accompagnement d’Initiative a joué un rôle déterminant, à la fois pour crédibiliser le projet auprès des banques et pour nous obliger à structurer notre réflexion. Les questions posées valent parfois autant que l’argent accordé.
Expliquez-nous votre activité :
Aujourd’hui, SMITH est spécialisée dans l’entretien, la réparation et la maintenance de l’enveloppe des bâtiments industriels et agricoles.
Nous n’intervenons pas sur le neuf : notre métier, c’est la maintenance, souvent dans l’urgence, exclusivement en B2B.
Nos équipes interviennent sur :
- Les toitures industrielles (toitures terrasse, fibro, bac acier),
- Les bardages et façades,
- Les charpentes,
- La maçonnerie, le génie civil, les VRD,
- L’aménagement intérieur,
- Les travaux en hauteur et sur cordes, notamment pour le nettoyage de silos agricoles ou l’entretien de sites complexes.
Nous travaillons pour des entreprises industrielles et agricoles, mais aussi pour des collectivités et de grands donneurs d’ordre comme la SNCF.
Quelles sont vos valeurs et en quoi sont-elles importantes ?
Nos valeurs se sont construites naturellement avec le temps :
- L’humilité, essentielle lorsqu’on reprend une entreprise et qu’on arrive dans un métier que l’on ne connaît pas.
- Le respect des femmes et des hommes, collaborateurs, partenaires, clients.
- La complémentarité, que ce soit dans les métiers ou dans la gouvernance.
- La réactivité et la fiabilité, indispensables dans un métier de maintenance et d’urgence.
Ces valeurs ont aussi guidé notre organisation. Aujourd’hui, SMITH est dirigée par trois associés à parts égales, chacun dans son domaine d’expertise : la technique, l’administration-finance et le commerce. Ce modèle réduit fortement la charge mentale et renforce la qualité des décisions.
Que vous a apporté l’accompagnement d’Initiative Charente-Maritime ? Que retenez-vous ?
Initiative Charente-Maritime a été un véritable levier au moment clé de la reprise.
Au-delà du prêt d’honneur, c’est un accompagnement exigeant, structurant et bienveillant. Il oblige à poser les bonnes questions, à anticiper, à sécuriser son projet.
C’est aussi un réseau local, ancré dans le territoire, qui donne confiance et rompt l’isolement du dirigeant. Un soutien précieux dans les premières années.
Auriez-vous un conseil à donner à quelqu’un qui veut se lancer ?
Je dirais que trouver une entreprise à reprendre est un travail à temps plein. Il faut réseauter, être mobile, se faire connaître.
Ensuite, ne pas avoir peur de la dette lorsqu’elle sert à investir. Bien utilisée, elle est un formidable effet de levier.
Enfin, rester humble, bien s’entourer et accepter de ne pas tout savoir dès le départ. L’entrepreneuriat est exigeant, mais la liberté qu’il procure est incomparable.
